Un (vrai) livre, avec une tueuse en série

J’ai longtemps été collectionneur et amateur de belles éditions, à une époque je faisais même relier mes livres — j’ai aussi appris à les relier moi-même, en plus de les imprimer. Pourtant, je ne suis pas nostalgique du “c’était mieux avant“, et je n’ai aucun dégoût à lire sur écran plutôt que sur papier, parce que avant l’ebook, on avait ça — on l’a encore, notez :

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Ce livre, acheté neuf, a la solidité d’un char d’assaut en cristal.

Ses pages ont commencé à se détacher dès la première lecture — c’est un de ces “vrais livres” dont nous rabâchent les oreilles les fétichistes de l’imprimé qui ne voient dans l’ebook qu’un produit de consommation privé de toutes les qualités du livre.

Sérieusement, elles sont les qualités de ce “vrai” livre qui ne résiste même pas à une seule lecture ?

OK je radote, mais à 8.70€ le livre jetable, ça fait réfléchir. Même avec ses limites actuelles, je préfère le payer au format numérique et avoir en mains — le minimum syndical à quoi doit répondre un livre pour être qualifié de livre — un objet que tienne en un seul morceau. Tout spécialement quand on parle d’un livre pour les ados, qu’ils vont trimbaler partout, avant d’en parler en classe :

– Tu peux nous résumer le début du roman, Pénélope ?
– Non, madame, je ne peux pas, le premier chapitre s’est envolé dans le jardin, quand j’ai voulu le lire ce WE.
– Je n’ai jamais entendu d’excuse aussi stupide. Tu auras un zéro !

Morale de l’histoire : la petite Pénélope n’aurait pas eu un zéro pointé si elle avait lu sur un Kindle ou un iPad. Elle n’aurait pas été humiliée devant toute la classe par la prof — elle n’aurait pas été dégoûtée de la littérature et serait devenue l’auteur mondialement connue de À l’ombre des jeunes filles en bikini — au lieu de finir tueuse en série d’institutrices et de romanciers. Je serais le papa de Pénélope, je ferais un procès à l’éditeur d’un livre aussi mal fabriqué.

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